Donner de l’importance à l’erreur en diététique
L’erreur est source de progrès, on ne le dira jamais assez. Toutefois, il est indispensable d’adopter une posture de bienveillance et de curiosité, pour transformer l’auto-flagellation, l’auto-punition et la démotivation en état d’esprit positif, tels que la bienveillance et la réussite. D’après les neurosciences, notre cerveau est bien plus réceptif à l’erreur qu’à la réussite, et la démarche d’apprentissage est plus puissante en cas d’échec qu’en cas de succès.
Pour cela, il s’agit avant tout d’accepter la présence d’émotions négatives, de les apprivoiser et de les laisser exister, afin d’adopter un état d’esprit positif de bienveillance, constructif et de patience.
L’exemple du rassasiement global : cas diététique
Dans le cas diététique de rassasiement global, les patients essayent généralement de quitter la table en étant rassasiés, puisque c’est ce qui leur est recommandé en consultation diététique. Leur intention est donc de respecter les règles, quitte à abréger leur repas et de ne pas satisfaire ses besoins.
Or, le « vrai » piège se trouve réellement dans le fait de vouloir bien faire.
Par conséquent, il est primordial de normaliser l’erreur, d’encourager l’erreur, voire de la provoquer ! C’est ce qu’on appelle plus communément en diététique comportementale la programmation de l’erreur. On fera donc des erreurs dans le but de progresser, et non seulement de faire des erreurs pour faire des erreurs.
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Prenons l’exemple d’un patient qui se sentira obligé de se limiter au cours de son repas. Afin d’avoir le sentiment de ne pas abuser, il décidera de se limiter volontairement pour ne pas culpabiliser sur du court terme.
Il est intéressant de questionner le patient sur la fonctionnalité de sa démarche : son action présente-t-elle des résultats satisfaisants ? Si cela ne marche pas comme convenu, il faut s’assurer que celui-ci soit orienté vers de nouveaux apprentissages, afin de ne pas se laisser miner par des pensées limitantes dévastatrices.
Par exemple, s’il est persuadé de ne pas être capable de s’arrêter de lui-même, cela induira des comportements dysfonctionnels, comme essayer de s’arrêter, ou de se mettre des limites, voire pire, de se résigner en étant certain de ne jamais être capable de réussir).
Quelle solution dans le cas clinique de rassasiement ?
On pourra alors mesurer les résultats de la prescription de type paradoxal. Cela signifie que l’on va investiguer sur la provenance et la matérialisation de l’erreur, tout en allant au-delà du seuil de rassasiement du patient.
Il ne sera pas étonnant par exemple de lui proposer de manger au dîner son plat qui lui pose de grandes difficultés lorsque vient le moment de s’arrêter. On lui proposera volontairement de se servir un plus grand nombre d’assiettes, tout en essayant de NE PAS s’arrêter !
Derrière cette prescription, nous invitons le patient à vivre une expérience dans son corps, afin de ne plus ressentir la moindre pression à respecter quoi que ce soit. Par exemple, si l’un des constats du patients est qu’il se sent rassasié au bout de la deuxième assiette, il convient alors d’attiser sa curiosité sur le ressenti d’être plein au bout de cette deuxième assiette. Pourquoi pas avant ? Ou après ? Quelles sensations ont été ressenties ? Il s’agit donc dans cette méthode de lever les règles de contrôle.
Ainsi, nous allons faire réaliser et expérimenter l’erreur que le patient commettait de lui-même, pour provoquer une réaction d’ajustement qui soit le produit de son libre arbitre, et non pas d’une autre personne.
Pour conclure, nous pouvons donc affirmer que l’erreur fait partie du parcours de l’apprentissage. Le plus important n’est donc pas d’en commettre, mais de savoir qu’elles existent, et que notre cerveau réagira probablement de façon négative lorsque celle-ci se produira. C’est à cet instant précis qu’il faudra accueillir ses émotions négatives, et prêter attention à la curiosité qui doit émaner de ce processus, indispensable à l’apprentissage à long terme.
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