Diététicienne libérale : retour sur 10 ans d’expérience
Dans cette rubrique « portraits de diététiciennes », nous avons décidé d’interroger des diététiciennes libérales sur leur parcours et choix de carrière. Nous avons recueilli le témoignage de Laure Bertrand, diététicienne-nutritionniste libérale depuis 2009, actuellement en cabinet à Sarrians. Elle nous dévoile son parcours, ce qu’elle aime faire en dehors du cabinet, tout en nous livrant de précieux conseils.
Bonjour Laure, peux-tu nous raconter ton parcours de diététicienne libérale ?
Bonjour l’équipe. Pour ma part, depuis toute petite je faisais beaucoup de danse classique, ce qui m’a ensuite permis de donner des cours et devenir prof de danse classique. Ensuite, comme beaucoup, j’ai passé mon baccalauréat, ce qui m’a amené à la question fatidique qui découle naturellement : quid de mon avenir ?
Pour tout vous dire, c’est ma grande sœur qui m’a suggéré l’idée de devenir diététicienne. Pour moi, le métier de diététicienne sonnait comme une évidence dans la mesure où ça me semblait être le prolongement de la danse classique, puisqu’on retrouve la notion d’équilibre dans la danse comme dans la diététique.
Une fois mon diplôme obtenu, j’ai effectué divers stages où j’ai fait mes armes dans le milieu hospitalier, mais je suis très rapidement rendue compte que le système hospitalier ne me convenait pas. En effet, on te donne un temps imparti à chaque patient, que tu dois respecter, on te demande aussi de distribuer des polycopiés aux patients absents pour qu’ils puissent bénéficier de leur suivi, et ce genre de pratique ne collait pas du tout avec la proximité que je recherchais lorsque j’ai décidé de devenir diététicienne. J’ai donc rapidement eu le déclic de choisir de me mettre à mon compte.
C’est ce que j’ai fait, tout d’abord en tant que diététicienne à domicile, afin de réduire mes frais au maximum. Je corrigeais en parallèle des menus dans différentes structures dans lesquelles j’avais effectué mes stages (collèges, etc.) pour commencer. Ce n’est une nouveauté pour personne, mais débuter en libéral n’est vraiment pas facile, il faut s’accrocher, et si tu peux compter sur une activité en parallèle pour joindre les deux bouts en fin de mois, alors il faut le faire. J’ai eu la chance de pouvoir compter sur mon autre activité de prof de danse pour y parvenir, et j’en suis grandement reconnaissante !
Pour ma première installation en cabinet, je l’ai faite dans une structure avec des médecins, qui m’envoyaient notamment quelques patients qui en avaient besoin, et c’est un véritable plus quand tu débutes, sans compter sur l’apprentissage quotidien auprès de ces médecins ! J’ai suivi plusieurs formations à côté de cela, notamment en cancérologie digestive, qui m’ont permis de m’améliorer et de proposer une toute autre qualité de soin à mes patients.
Enfin, j’ai déménagé à Monteux pour des raisons géographiques et budgétaires, puis à Sarrians où j’exerce actuellement, dans « ma » ville que je connais par cœur ; c’est un vrai luxe parce que maintenant, je peux facilement conseiller les commerces de proximité à mes patients (bouchers, etc.).
Que trouves-tu le plus compliqué à l’heure actuelle dans la profession de diététicienne ?
Je dirais que de ne pas toujours avoir de retour de patients par moments, est très difficile. Ne pas savoir si le patient va mieux, si on a réussi ce qu’on a entrepris ensemble, ça, c’est compliqué.
J’insiste sur ce point parce que certains d’entre eux ont réussi, mais décident de ne pas t’en informer, ça m’arrive de moins en moins, mais lorsque ça arrive, c’est très frustrant, surtout professionnellement parlant !
A contrario, que préfères-tu dans ton métier ?
Mes patients, clairement. Tu as beau te lever fatiguée le matin, ou ne pas avoir le moral, le simple fait de faire attention aux personnes est incroyable. Et puis, les gens sont hyper intéressants quand tu prends le temps de les écouter, l’échange qui en découle est super important pour en apprendre davantage sur eux, mais aussi sur toi.
Là, pendant le confinement par exemple, je communique beaucoup sur les réseaux, et les patients apprécient, c’est agréable de voir qu’ils suivent encore les conseils à distance, tout en maintenant le lien avec moi.
Tu rencontres des gens qui se livrent, qui vivent des expériences, mais tu sais, la diététique c’est aussi ce qu’il y a autour de l’assiette, et c’est de pouvoir contribuer à l’amélioration de la vie de tes patients, de près ou de loin, c’est génial. L’anecdote que je vais te raconter en est l’exemple parfait.
Raconte-nous cette anecdote qui t’as bouleversée
J’ai reçu un jeune homme en obésité morbide au cabinet il y a quelques années, il avait 14 ans à l’époque, et je l’ai suivi pendant plusieurs années ; et figure-toi que nous sommes toujours en contact, il passe encore me voir régulièrement.
Un jour, j’ai participé à une conférence au Centre Médical Infantile « Les Oiseaux » à Sanary, et en guise d’introduction, je voulais proposer une entrée en matière un peu novatrice, qui sorte de l’ordinaire où on te présente tout un tas de statistiques, de chiffres. J’ai donc décidé de le contacter pour savoir s’il accepterait d’apparaître sur la vidéo, sur laquelle je comptais masquer son visage, dans laquelle il expliquerait son parcours, ses difficultés, et qu’il raconte tout ce qu’on a pu mettre en place ensemble. Il m’a dit qu’il ne souhaitait pas être brouillé, et m’a spontanément proposé de m’envoyer une photo de lui avant et une photo après.
Le plus beau dans tout ça, c’est de voir qu’il est devenu un jeune homme confiant, bien dans sa tête et dans son corps, et qu’il mettait en avant dans son discours que le chemin était long et dur, mais que les séances lui ont changé la vie.
Si tu n’étais plus diététicienne, que ferais-tu dès demain ?
Je travaillerais sûrement dans la décoration, dans le bâtiment, j’effectuerais une tâche manuelle. En fait, ce que j’aime dans ce genre de métier, que mon mari exerce d’ailleurs, c’est que l’on part de zéro et que l’on bâtit quelque chose avec nos mains. Donc travailler dans la décoration, l’aménagement, en partant de zéro me plairait beaucoup je pense.
As-tu visité un pays coup de cœur, dans lequel tu pourrais t’installer à l’avenir par exemple ?
J’ai eu la chance de beaucoup voyager, et les premières destinations qui me viennent à l’esprit sont celles où on a été en contact avec des gens « vrais », sincères, aidants. C’est notamment le cas des coins les moins touristiques de Tahiti par exemple, d’où se dégage un gros aspect de communauté basée sur l’entraide. J’ai retrouvé cet état d’esprit au Costa Rica également, où tu peux te retrouver dans une casa à manger ou boire un coup avec des parfaits inconnus, dans des endroits où tu n’oserais pas t’aventurer en France, pourtant tout est super sain, agréable, et on y a mangé des repas succulents !
Que fais-tu à côté du cabinet ? Quelles sont tes passions quand tu rentres chez toi ?
J’aide mon mari sur les chantiers, je fais du jardinage, quelques balades pour profiter de la région.
Sinon, en voyage, on fait aussi beaucoup de plongée, j’ai adoré les réserves naturelles à Marseille par exemple, un des plus beaux spots dans lesquels j’ai pu plonger, et que je te recommande !
Pour finir, quels conseils donnerais-tu à quelqu’un qui souhaiterait démarrer une activité en libéral ?
Pour moi, l’essentiel est surtout de pouvoir te regarder droit dans les yeux quand tu te regardes dans le miroir. Ne pas changer en fonction des modes ou autres courants modernes, l’essentiel est d’être en accord avec tes valeurs, tu iras beaucoup plus loin et tes rencontres seront d’autant plus vraies en agissant de la sorte. Le reste, ça viendra naturellement, avec un minimum d’effort évidemment …
L’équipe Visidiet remercie Laure Bertrand pour le temps qu’elle nous a accordé lors de cette interview. Nous vous invitons à consulter son site internet, diététicienne à Sarrians, et à la contacter au 06.77.78.39.27 pour plus d’informations. Pour échanger avec nous, ou nous faire part de votre expérience, n’hésitez pas à nous contacter par formulaire via notre plateforme.
