« Pour pouvoir prendre soin des autres, il faut d’abord prendre soin de soi ! »
Dans cette rubrique « portraits de diététiciennes », nous avons décidé d’interroger plusieurs diététiciennes du réseau, sur leur parcours et choix de carrière. Aujourd’hui c’est Aude Froger qui répond à nos questions, et revient sur sa reconversion profesionnelle, qui fait d’elle une diététicienne épanouie !
Racontez-nous votre parcours de diététicienne
Le métier de diététicienne est venu à moi comme une évidence…lors d’un bilan de compétence en 2016. J’avais alors 38 ans, 2 enfants, et cette impression d’avoir toujours été là où l’on m’attendait mais jamais là où je voulais être !!
Après plus de 20 ans de carrière professionnelle dans l’industrie agroalimentaire puis pharmaceutique, j’avais enfin trouvé un métier qui me permettrait d’être moi-même en apportant mon aide aux autres et en utilisant cette intime conviction qu’une bonne santé passe, entre autres, par une bonne alimentation.
Après 2 années intenses de formation, j’ai obtenu mon diplôme en Octobre 2018, avant de m’installer au sein de la maison médicale de mon village. Au départ, même si le choix d’une maison médicale semblait être une bonne idée (visibilité via les 3 médecins et autres professionnels de santé sur place), l’inquiétude vis-à-vis du choix de lieu (village de 900 habitants) était bien omniprésent. Y aura-t-il suffisamment de public pour ce type de service ici ?
La réponse, je peux la donner désormais… OUI ! Certes, c’est un petit village, mais des tas d’autres petits villages gravitent autour… et c’est justement en partie pour cette proximité immédiate, que de plus en plus de gens viennent consulter au cabinet.
Je ne vous cacherais pas que c’est seulement dans cette troisième année que mon activité commence à être rentable… La première année, il faut se faire connaître…
La deuxième année avait super bien commencé, avec une progression de plus de 50% les 3 premiers mois… puis le covid est arrivé ! J’ai été contrainte de fermer le cabinet pendant près de 4 mois (de mars à juin 2020) alors que c’est justement là que l’activité est la plus grande !
Malgré cela, je suis rentrée dans les frais cette 2ème année, mais sans me dégager de salaire.
Cette année, 2021, sera donc (et c’est partie pour) une année positive, d’un point de vue financier. Ce qui est sûr, c’est que d’un point de vue personnel, le bilan est déjà positif depuis le début.
Que trouvez-vous le plus compliqué à l’heure actuelle dans la profession de diététicienne ?
Pour ma part, le plus difficile ce sont les formalités administratives et comptables : dès le départ, il faut créer les bons statuts selon la situation personnelle… quand tu n’y connais rien c’est un peu (très) compliqué d’aller à la pêche aux infos.
D’un point de vue « comptable » … j’ai préféré prendre quelqu’un parce que ce n’est vraiment pas mon truc…mais ça a un coût !
Ce qui n’est pas facile, également pour moi, c’est l’aspect « commercial » … Pour les particuliers et les consultations au cabinet, le bouche à oreille et mon site internet font le job.
En revanche, pour les interventions, les prestations de service et d’accompagnement en entreprise, dans les collectivités, les écoles, les maisons de retraite… il faut se faire connaître. C’est là que ça se complique… c’est un vrai boulot de commercial.
J’avoue que j’ai encore beaucoup de mal à le faire suffisamment, mais j’ai eu la chance d’être accompagnée à deux reprises et gratuitement par la CCI pour optimiser mes actions commerciales.
A l’inverse, que préférez-vous dans votre métier ?
Ce que j’adore dans mon métier c’est cette confiance qui s’instaure avec les patients dès la première rencontre. Bien souvent, les patients nous confient bien plus que leur problème de poids ou de santé, c’est ce qui me permet de bien les comprendre et de les accompagner de la manière la plus « écologique » pour eux… à mon sens c’est aussi la plus « durable ».
Ce qui m’anime chaque jour, c’est cette confiance ainsi que la satisfaction de leur apporter mon soutien et mon aide. L’envie de les accompagner dans leurs changements avec bienveillance et SURTOUT le plaisir de les voir s’épanouir au fil des consultations, de reprendre confiance en eux…cette sensation d’avoir « réussi ».
J’aime ces consultations où les patients ressortent avec cette fierté d’avoir réussi ce qu’ils pensaient impossible, surtout s’ils reconnaissent qu’au final…que ce n’était pas si difficile que ça !
Si vous aviez la possibilité d’exercer à l’étranger, où iriez-vous et pourquoi ?
Je crois que si je devais exercer à l’étranger je choisirai la Suède, un pays qui évoque pour moi la douceur de vivre avec un mode de vie tourné vers la famille et l’écologie. Mais il faudrait sûrement que je me familiarise avec les habitudes alimentaires un peu plus éloignées du modèle français.
Comment gérer les moments de rush et de moins bon ?
Je dirais qu’en période de « rush » je suis bien contente d’avoir mis mon temps à profit lors des périodes « creuses ». En effet, je pense que c’est bien de profiter des périodes de « calme » pour classer tous ces documents administratifs, mettre à jour ses supports patients, publier des posts pour alimenter son site internet, faire du commercial. En bref, il n’y a pas vraiment de périodes « moins bonnes » … elles sont juste moins rentables mais essentielles pour être efficiente… !
Que faites-vous à côté du cabinet ?
Je fais un peu de bénévolat auprès de familles de réfugiés, je passe beaucoup de temps avec mes enfants, je me forme encore beaucoup pour améliorer ma pratique professionnelle.
Je fais du sport 4 à 5 matins par semaine, j’avoue que sur ce dernier point, c’est ma petite fierté.
Je le souligne parce que je n’ai jamais « aimé » faire du sport, et je n’ai jamais vraiment pris le temps ni eu l’envie d’en faire… il m’aura fallu près de 40 ans et un nouveau métier pour enfin m’y mettre et y prendre goût. J’applique ce que je dis souvent à certains de mes patients qui ont tendance à s’oublier au profit de leur proche : « pour pouvoir prendre soin des autres, il faut d’abord prendre soin de soi ! »
En bref, mes journées sont bien remplies, mais je choisis désormais la façon de les remplir !
L’équipe Visidiet remercie Aude Froger pour le temps qu’elle nous a accordé lors de cette interview. Nous vous invitons à consulter son site internet, diététicienne à Saint-Martin-Lestra (proche de Lyon, Roanne et St Etienne), et à la contacter au 06 23 07 54 04 pour plus d’informations. Pour échanger avec nous, ou nous faire part de votre expérience, n’hésitez pas à nous contacter par formulaire via notre plateforme.